
Ethylabelophile ou tégestophile ?
*à lire également
son incroyable périple
au Soudan et en Egypte pendant la guerre du Kippour ; à
court de bière, il a bien failli y rester !
Les collectionneurs d'objets relatifs à la bière
sont légion. Parmi eux, nombreux sont ceux qui se consacrent
aux étiquettes. La collection qu'a réunie Michel
Jumez (père de l'autre) offre ceci de particulier qu'elle
ne rassemble que le souvenir des brasseries dont il a réellement
consommé le produit. Il raconte:
"J'ai toujours bu de la bière, partout
où je me suis rendu. Un jour, dans les années
cinquante, j'ai goûté aux Açores une bière
à base d'arachides, la plus mauvaise que j'aie à
ce jour connue (ndlr: et la root beer, alors?). Plus tard, à
la Réunion, la "Dodo-Pils" (du nom de l'oiseau
emblème de l’île) m'a beaucoup amusé
et j'ai décidé d'ouvrir avec elle ma collection
d'étiquettes, en vue de garder vivace le souvenir d'innombrables
dégustations".
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A
quoi reconnaît-on un adhérent du Parti Alcoologiste
Français ?
LORSQU'IL
DÉCROCHE LE TÉLÉPHONE, IL RÉPOND
: "AU VIN ?"
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A ce jour, 91 pays ornent des albums bigarrés : Murree Brewery
de Rawalpindi, Windward and, Leeward Brewery de Vieux-Fort à
Sainte Lucie, Blue Nile Brewery de Khartoum, Kilimandjaro Brewery
d'Arusha...
Les pièces les plus notables proviennent,
selon lui, d'Allemagne avec la Kulminator, la bière la plus
forte du monde (brasserie EKU de Kulmbach en Bavière), du
Cambodge (brasserie SKD de Sihanoukville) et de Mongolie.
Si la plus mauvaise bière reste celle des
Açores, Michel Jumez a un faible pour les bières de
Tchécoslovaquie ou d'Autriche orientale, faites avec une
eau très pure, chargées en houblon, mais légères
en malt. II préfère les bières de fermentation
basse.
"Beaucoup de Français pensent qu'il est
criminel qu'une bière accompagne le fromage. Je ne suis pas
d'accord : certaines bières fruitées vont très
bien avec les fromages à pâte cuite. Je ne parle pas
de kriek ou de bières parfumées, évidemment,
mais je pense à la choulette du Nord,ou à la Jeanlain".
Membre le l' «Association des amis de la Bière»,
et co-auteur d'une étude sur les brasseries du nord de la
France, Michel Jumez n'est pourtant pas sectaire: sa cave à
vins ferait pâlir d'envie plus d'un membre du PAF.
Un inconvénient pourtant: si elle est unique,
sa collection n'est évidemment pas transmissible...
La brasserie de Sihanoukville n'a fonctionné
que quelques années au début 60. La pièce de
notre collectionneur est donc effectivement exceptionnelle. La réouverture
de la brasserie Angkor s’est faite dans des conditions éprouvantes
pour l'entrepreneur australien qui s'est lancé dans l'aventure.
En 1990, accompagné d'une milice, John Harper a visité
l'établissement, qui avait été construit par
une entreprise française dans les années 60. «Une
vrai Jaguar neuve, restée au garage pendant 20 ans»
remarque John Harper. Pour la remettre en route, il lui a fallu
trouver 5 millions de dollars. Mais cela, c'était simple.
En effet, les plans de l'usine ayant disparu, il était impossible
de la faire redémarrer. Après différentes tentatives
(en faisant par exemple circuler de l'eau colorée dans les
canalisations pour en comprendre le dédale), notre hardi
brasseur s'est mis à la recherche de l’installateur.
C'est par déduction qu'il en a retrouvé le nom: Nordon
à Nancy. Il s'est rendu en France où on lui a aimablement
fourni une pile de schémas.
John Harper pensait produire 250.000 hl de bière, à
destination des 20.000 soldats de l'ONU et de la consommation locale
qui devait inévitablement reprendre. Bière et paix.
Mais la concurrence des brasseurs singapouriens semble avoir eu
raison de l’entreprise.
Aux dernières nouvelles, la brasserie de Sihanoukvillle était
en dépôt de bilan. Les pièces de notre tégestophile
ont donc encore toutes les chances de rester uniques
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