Serbie: 38%. Croatie: 30%. Macédoine:
30%. Slovénie: 8%. Bosnie Herzégovine: 3%. Monténégro:
quantité négligeable.
Les différents chefs qui (avec un coup de pouce
extérieur) ont réussi à mettre le petit paradis
qu’était la Yougoslavie à feu et à sang
s'intéressaient davantage aux pourcentages de leurs populations
qu'à ceux de la production vinicole ci-dessus.
Chaque nouveau né de confession identifiable
(catholique, orthodoxe ou musulmane) se voyait en effet automatiquement
enrôlé dans un combat dont la majorité des gens
se moquaient.
C'est ce qu'on appelle le baptême… du
feu.
Et si par malheur un bébé était
issu d'un père musulman et d'une mère serbe, il était
alors né traître !
Restaient les bistros, où les musulmans réfugiés
en Serbie, les Serbes fonctionnaires en Croatie ou les Croates subissant
avec les Serbes le pilonnage de Sarajevo pouvaient évoquer
la folie des hommes ivres de pouvoir.
La vigne nationale serbe se nomme le "Zupa".
Provenant de coteaux très ensoleillés, ce raisin engendre
un vin rouge charnu, mais manquant un peu de distinction. Il aidait
à méditer sur les propos maladroits de Miloscevic,
qui affirmait depuis plusieurs années que "seuls les
os serbes délimitent le territoire de la Serbie", allusion
au Kosovo dont la population albanaise s'accroissait cinq fois plus
vite que la population serbe.
En Croatie, c'est autour de vins d'Istrie et surtout
de Dalmatie, gaillards et riches en tannin, que se délient
les langues dans un pays où la liberté de presse avait
fait long feu et où les droits des minorités avaient
été concédés à contre coeur.
En Slovénie le vin blanc de Ljutomer est probablement
le meilleur de toute l'ex-Yougoslavie. Sa couleur varie autour d'un
bel or teinté de vert. Il permet de se réchauffer
le coeur et de tempérer l'amertume ambiante. L'hiver sera
froid. On sera bien seuls. Et ces petits blancs autrichiens ne remplacent
pas les rouges de Serbie.
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Qu'est-ce
qu'un abstème ?
voir
la réponse
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Les Turcs avaient arraché les vignes en Macédoine.
Il a fallu patiemment les reconstituer pour produire ce délicieux
Tikveche ou ce Kapilla. Les Albanais, de plus en plus nombreux,
toléreront ils encore les gargotes, en cas d'indépendance?
Il n'y avait plus d'eau, à Sarajevo. Restait
à partager une bouteille de Zilavka de Mostar (13 à
14°, au profond parfum) pour se retrouver entre voisins musulmans
(souvent laïcs!), croates et serbes, et se demander: "mais
qu'est ce qui nous arrive?".
Au Monténégro, on fréquentait
encore les bars des hôtels de luxe déserts. On y buvait
les trésors qu'on avait accumulés pour satisfaire
les touristes les plus exigeants. "Pince moi, je rêve".
Voilà ce que répétait la moitié de la
population mise au chômage par l'embargo.
Pour conquérir le pouvoir, il faut une cause.
L'inventer, c'est difficile. L'exhumer, c'est plus simple. Pour
les autocrates yougoslaves, 92 fut un fameux millésime. Credemus
Quia Absurdum. Nous le croyons parce que c'est absurde
Jean-Pierre Jumez
Correspondant de France-Inter à Belgrade (1992)
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Boire
du vin, c’est être bon catholique !
(Béroalde
de Verville)
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Organe
Central du Parti
Alcoologiste
Français
(Aile Modérée) -
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